Tuer quelqu’un, ou l’absolue transgression : l’Antiquité grecque, une fois de plus, nous parle.
Le parricide Oreste subit les assauts des impitoyables Érinyes. Dans la plaine de Troie, Achille et Hector, tueurs héroïques, sont portés par un instinct de mort qui a nom Arès. Aux rives de la mer Noire, vers 400 avant J.-C., les rescapés de l’armée des Dix Mille prennent part à une mystérieuse cérémonie de purification. Ailleurs, l’orateur Antiphon agite une étrange croyance : la souillure de l’homicide se répandrait partout, le fantôme de la victime criant vengeance. Et, dans un coin de la Sicile, la magie de rituels curieux chasserait les démons du meurtre. L’Athènes démocratique, inventive, n’est pas en reste ; ici, elle laisse s’exiler l’assassin, s’il le veut, avant même la fin de son procès ; là, elle promulgue une loi encourageant l’assassinat de quelque apprenti tyran qui menacerait son existence. Mais Aristote met en garde : l’homicide constitue en toute circonstance, sans exception, une faute.
Littérature, histoire, droit, philosophie, anthropologie contribuent à cette étude approfondie des représentations, lato sensu, de la mort violente chez les Grecs. Le tableau d’ensemble est, pourrait-on dire, versicolore. Versicolores, aussi, les paroles ailées de l’immortel Homère, pour l’instant fatal où le guerrier s’effondre : «La mort rouge et le puissant destin se sont emparés de ses yeux».
Paris, Les Belles Lettres, 2014, 448 p.
Prix Reinach 2013, décerné par l’Association des Études Grecques
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